Foire aux questions

Introduction : La vérité scientifique sur les prothèses mammaires

Les implants mammaires font régulièrement l’objet de controverses médiatiques, en partie parce qu’il s’agit d’un sujet encore tabou dans notre société, suscitant interrogations et idées reçues, et parce que ces sujets génèrent de l’engagement sur les réseaux sociaux et certains médias.

Ce guide vise à préciser la vérité scientifique sur ce sujet, trop souvent victime de désinformation ou d’amalgames. Ces informations représentent notre point de vue de Chirurgien Plasticien, basé sur :

  • La synthèse des données scientifiques actuelles
  • Plus de 30 ans d’expérience intensive en Chirurgie Plastique du sein
  • L’expertise acquise dans la prise en charge de cas complexes
  • La participation aux congrès internationaux de référence

Le principe fondamental qui guide notre approche est : « Sécurité et Fiabilité ». Le précepte médical « primum non nocere » (d’abord ne pas nuire) s’applique ici avec la plus grande rigueur.

 

 

Consultation préopératoire et indications

Puis-je bénéficier d’une augmentation mammaire par implants ?

Pour répondre à cette question, une consultation médicale est indispensable. Le chirurgien vérifiera :

  • Que l’indication est appropriée
  • L’absence de contre-indications
  • Votre compréhension des détails de l’intervention
  • Votre connaissance des risques associés à l’opération et à l’anesthésie
  • Votre acceptation du suivi médical nécessaire à long terme

Un document d’information validé par la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (SOFCPRE) vous sera remis. Ces informations vous permettront de réfléchir avant de signer le consentement éclairé mutuel, attestant que vous avez été correctement informée et que vous vous engagez à suivre régulièrement l’état de vos seins.

Choix des prothèses et résultats esthétiques

Peut-on choisir la taille des prothèses ?

Oui, la patiente participe activement au choix de la taille. Ce choix dépend :

  • De la morphologie initiale du sein
  • De la morphologie générale de la patiente
  • D’essais préalables face au miroir

Pour optimiser cet essai, il est recommandé de :

  • Porter un soutien-gorge en matière fine et extensible, sans mousse
  • Choisir un soutien-gorge avec bretelles au milieu des bonnets
  • Porter des vêtements clairs et moulants (type t-shirt blanc)

Le volume sera vérifié et confirmé pendant l’intervention grâce à une prothèse d’essai, permettant d’affiner le choix et de sélectionner la prothèse définitive la plus adaptée.

Peut-on choisir la forme de ses seins ?

Non, il n’est pas possible de choisir précisément la forme. Les seins augmentés par prothèses ont généralement une forme assez ronde (dite « en pomme », et non « en poire »). Cette forme correspond d’ailleurs à la demande de la majorité des patientes, qui souhaitent retrouver un galbe harmonieux.

Quelle taille choisir ?

Le choix de la taille doit être adapté à la morphologie pour créer une harmonie entre la poitrine et le reste du corps. Ce choix est réalisé conjointement par la patiente et le chirurgien lors de la consultation, avec des essais face au miroir pour visualiser le résultat final potentiel.

Suites opératoires et convalescence

Les suites de l’opération sont-elles pénibles ?

En postopératoire, deux sensations principales sont ressenties :

  • Une sensation d’oppression (comme une pression forte sur les seins) qui diminue en 8 à 10 jours
  • Une sensation douloureuse nécessitant des antalgiques pendant 8 à 10 jours

Il faut prévoir environ 9 à 10 jours de congés après cette intervention.

Pendant combien de temps a-t-on mal ?

La douleur de la première nuit est significativement atténuée par l’infiltration d’anesthésiques locaux pendant l’opération (Ropivacaïne type Naropeine). Un traitement antalgique oral est ensuite nécessaire pendant 8 à 10 jours.

Le lendemain de l’intervention, lorsque l’effet de l’anesthésique local s’estompe, la douleur peut être soulagée par :

  • L’application de froid (sacs de petits pois congelés)
  • L’utilisation d’un soutien-gorge de cryothérapie « Body Icing » (séances de 30 minutes, 4 fois par jour pendant 4 jours)

Ces méthodes réduisent efficacement la douleur et l’œdème.

Les cicatrices sont-elles apparentes ?

La visibilité de la cicatrice dépend de la voie d’abord choisie. La voie péri-aréolaire inférieure est la plus discrète dans notre pratique, devenant très peu visible dès trois mois après l’opération.

Vie quotidienne avec des prothèses mammaires

Quelle est la sensation au toucher pour la patiente ?

Le sein augmenté par prothèse est initialement ferme, puis s’assouplit dès 15 jours sous l’effet des massages et de l’adaptation tissulaire. La consistance finale est celle d’un sein ferme de jeune femme.

Quelle est la sensation au toucher pour mon compagnon ?

Le sein augmenté offre généralement une consistance naturelle et agréable (comparable à celle d’un sein de jeune femme). Dans de rares cas, le sein peut être plus ferme en raison d’une coque péri-prothétique.

Le sein continue-t-il à être une zone érogène et sensible ?

Oui, le sein augmenté par prothèse conserve sa sensibilité et sa fonction érogène. Cette sensibilité dépend beaucoup de l’investissement érotique personnel de chaque patiente.

Il est recommandé de réaliser une rééducation sensitive et érogène en postopératoire pour favoriser l’appropriation de cette nouvelle poitrine. Généralement, l’augmentation mammaire renforce le sentiment de féminité et la confiance en soi.

Grossesse et allaitement

Comment se passe une grossesse avec des prothèses ?

La grossesse après augmentation mammaire par prothèses ne pose pas de problème particulier. Il est généralement conseillé d’attendre plusieurs mois, voire une année après l’opération, mais ce n’est pas une obligation stricte.

À noter :

  • Le volume de la partie prothétique reste stable pendant la grossesse
  • La partie naturelle du sein peut prendre ou perdre du volume
  • Un bilan après la dernière grossesse peut être nécessaire pour ajuster éventuellement le volume mammaire

Pourrai-je allaiter ?

L’allaitement n’est pas contre-indiqué après la pose d’implants mammaires. Chaque femme a un potentiel d’allaitement variable, difficile à prévoir avant la grossesse.

Points importants :

  • La voie d’abord chirurgicale n’influence pas la capacité d’allaitement
  • La voie péri-aréolaire inférieure (avec abord direct vers le muscle pectoral) préserve la production de lait
  • Le taux de réussite de l’allaitement est d’environ 65%, avec ou sans prothèses

Durée de vie et surveillance des prothèses

Comment les prothèses vont-elles vieillir ?

Les prothèses sont conçues pour une durée de vie minimale de dix ans. En moyenne, 8 à 10% des prothèses nécessitent un remplacement à 10 ans.

À partir de dix ans, une surveillance régulière accrue est nécessaire. Au moindre changement de consistance (trop molle ou trop ferme) ou de volume, consultez votre chirurgien plasticien pour évaluer la nécessité d’un remplacement.

Une surveillance mammaire régulière est recommandée pour toutes les femmes, généralement assurée par le gynécologue. En cas d’anomalie, consultez le chirurgien plasticien qui vous a opérée, idéalement avec une échographie réalisée par un radiologue spécialiste.

Quelle est la surveillance habituelle des prothèses normales ?

Un suivi rigoureux est recommandé :

Consultations de contrôle :

  • À 15 jours, 3 mois et un an post-opératoire
  • À 5 ans
  • Systématiquement à 10 ans
  • Puis tous les 2 ans après la dixième année

Examens d’imagerie :

  • Échographie à 4 ans, 7 ans et 10 ans
  • Puis annuellement après 10 ans d’implantation

Ces examens permettent de vérifier l’intégrité des prothèses et de réaliser un bilan mammaire complet.

Complications et risques spécifiques

Le port des prothèses mammaires accentue-t-il le risque de cancer du sein ?

Les prothèses mammaires n’augmentent pas le risque de cancer du sein. Les études épidémiologiques confirment l’absence de sur-risque d’adénocarcinome mammaire chez les femmes porteuses d’implants par rapport à la population générale (on observe même un léger sous-risque).

Un point d’attention concerne les lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC) CD30+ ALK-, qui surviennent très rarement, principalement avec les prothèses à texture importante (macro-texturées), notamment l’enveloppe Biocell des marques Mac Ghan, Inamed ou Allergan.

Ces cas restent exceptionnels :

  • 139 cas répertoriés en France de 2010 à mars 2025
  • Environ 1700 cas au niveau mondial
  • À comparer aux 58 969 cancers du sein diagnostiqués en 2017 en France

La majorité des cas ont eu une évolution favorable après une capsulectomie complète, sans nécessiter de traitement complémentaire en l’absence de lésion intra-mammaire.

Quels signes cliniques doivent faire penser à une rupture prothétique ?

Les signes évocateurs de rupture prothétique incluent :

  • Un durcissement progressif du sein
  • Ou inversement, une consistance anormalement molle
  • Une adénopathie axillaire siliconique (boule dans le creux de l’aisselle)

Il est important de noter que certaines ruptures peuvent être asymptomatiques, d’où l’importance d’une surveillance échographique régulière.

Peut-on diagnostiquer cliniquement une rupture prothétique ?

Un chirurgien expérimenté peut diagnostiquer une rupture prothétique avec un taux de fiabilité relativement élevé. Cependant, des examens complémentaires sont souvent nécessaires pour confirmer le diagnostic.

Quels sont les examens fiables pour diagnostiquer une rupture prothétique ?

Les examens les plus fiables sont :

  1. L’échographie mammaire (examen de première intention)
  2. La mammographie numérisée
  3. L’IRM mammaire

L’échographie doit être réalisée dans un centre spécialisé par un radiologue expérimenté. En cas de doute, une IRM peut être prescrite pour confirmer ou infirmer le diagnostic.

Types de prothèses et controverses

Qu’est-ce qu’une augmentation composite ?

L’augmentation composite combine l’utilisation de prothèses mammaires et de transfert graisseux (lipomodelage). Cette technique permet d’obtenir :

  • Un décolleté naturel grâce au lipomodelage
  • Un volume mammaire adéquat grâce à la prothèse

Initialement développée pour des cas complexes (seins tubéreux, asymétries importantes), cette approche est aujourd’hui considérée comme le « gold standard » pour les augmentations mammaires chez les patientes minces ou présentant une légère asymétrie.

Avantages :

  • Amélioration de la couverture de la prothèse
  • Réduction du risque de coque
  • Résultats esthétiques supérieurs

Cette technique connaît un développement important chez les patientes recherchant des résultats optimaux.

La prothèse est-elle la seule solution pour augmenter la taille des seins ?

Non, le transfert de graisse (lipomodelage) représente une alternative possible. Cependant, le lipomodelage esthétique des seins offre une augmentation modérée et convient à un profil différent de patientes.

Le lipomodelage est adapté pour :

  • Une demande d’augmentation limitée (gain d’un bonnet)
  • Des patientes disposant de réserves adipeuses suffisantes
  • Des patientes ayant un poids stable

Pour une augmentation plus significative (passer d’un bonnet A à C, ou d’un bonnet B à D), seules les prothèses ou l’augmentation composite permettent d’atteindre ce résultat.

Faut-il utiliser des prothèses « anatomiques » ?

Les prothèses anatomiques ne sont pas une innovation récente (la première prothèse de Cronin en 1962 était anatomique). Après les avoir utilisées et étudié leurs résultats, notre expérience montre que :

  • Avec une technique chirurgicale maîtrisée, les prothèses anatomiques n’offrent pas d’avantage significatif par rapport aux prothèses rondes
  • Leur consistance est souvent moins naturelle (gel trop cohésif)
  • La texture de l’enveloppe, généralement macro-texturée pour limiter les rotations, augmente le risque de lymphome anaplasique
  • Le risque de rotation est élevé (environ 15% à 10 ans)

Aujourd’hui, la combinaison de prothèses rondes et de lipomodelage permet d’obtenir des résultats aussi naturels sans les inconvénients des prothèses anatomiques.

Que penser de la texture des enveloppes ?

La texture des enveloppes est un point crucial, souvent mal compris :

  • Les enveloppes lisses n’ont pas de relief
  • Les enveloppes « microtexturées » présentent des microreliefs légers
  • Les enveloppes « macrotexturées » ont des reliefs importants

Les prothèses macrotexturées Biocell d’Allergan sont particulièrement problématiques, notamment en raison du risque de LAGC-AIM. Nous utilisons exclusivement des prothèses microtexturées pour plusieurs raisons :

  1. Les macrotextures semblent augmenter la fréquence des ruptures (effet « Velcro » concentrant les contraintes)
  2. Elles favorisent la formation de « double coque »
  3. Elles augmentent nettement le risque de lymphomes anaplasiques

Par mesure de sécurité, nous n’implantons jamais de prothèses macrotexturées, même en reconstruction mammaire.

Explantation et remplacement

En cas de rupture, faut-il changer l’implant ?

Oui, mais sans urgence. Un changement de prothèse est recommandé dans les 6 mois suivant le diagnostic de rupture.

Y a-t-il un risque local en cas de rupture ?

Oui, une rupture intra-capsulaire (confinée dans la membrane péri-prothétique) peut évoluer vers une rupture extra-capsulaire dans un délai de 1 à 3 ans. Les risques associés sont :

  • Développement de siliconomes (zones dures formées en réaction au gel de silicone)
  • Formation d’adénopathies siliconiques

Si un ganglion siliconique est présent, il est généralement préférable de le laisser en place pour éviter le risque de lymphœdème. Une microbiopsie peut être réalisée en cas de doute diagnostique.

Toute rupture d’implant doit être déclarée à l’ANSM, généralement par le chirurgien pratiquant l’explantation.

Si je fais enlever mes implants, sera-t-il possible d’en poser d’autres ?

Dans la grande majorité des cas, de nouvelles prothèses peuvent être mises en place lors de l’explantation. L’intervention est plus complexe en cas de rupture massive nécessitant une capsulectomie.

Si vous ne souhaitez plus de prothèses, deux options principales existent :

  1. Mastopexie (lifting des seins) pour retendre la peau et obtenir une forme satisfaisante
  2. Lipoconversion (remplacement de la prothèse par de la graisse autologue) si les conditions le permettent

Dans ces cas, une mastopexie-lipomodelage est souvent nécessaire pour optimiser le résultat esthétique.

Conclusion

L’augmentation mammaire apporte des bénéfices psychologiques et personnels considérables, améliorant significativement la qualité de vie des patientes. Cette amélioration constitue un bénéfice thérapeutique majeur, faisant de cette intervention une véritable opération à visée thérapeutique.

Les récentes controverses liées aux prothèses PIP et aux prothèses macrotexturées Allergan rappellent l’importance des principes de prudence et sécurité dans la pratique de la Chirurgie Plastique et Esthétique.

Pour optimiser vos résultats et minimiser les risques, il est essentiel de choisir un Chirurgien Plasticien qualifié et expérimenté, particulièrement pour les cas secondaires où l’expertise chirurgicale est déterminante.

Un chirurgien plasticien expérimenté pourra :

  • Confirmer l’indication et vous informer des risques spécifiques
  • Réaliser une intervention adaptée à votre cas particulier
  • Assurer un suivi postopératoire de qualité
  • Rester disponible en cas de problème

L’augmentation mammaire est une décision importante qui mérite un investissement adéquat pour garantir votre sécurité et votre satisfaction. Il est déconseillé de faire des économies sur ce budget, car cela pourrait compromettre la réussite de votre projet, votre santé et votre sécurité à long terme.

Références

  • Rapport de l’ANSM : « Évaluation de l’utilisation des implants mammaires en silicone (hors PIP) en France 2010-2013 » (mai 2014) – www.ansm.sante.fr
  • Rapport de l’Inca mars 2014 – Proposition de la conduite à tenir pour les femmes porteuses d’implants mammaires : avis d’experts coordonné par l’INCa – www.e-cancer.fr/rss-soins/8865
  • Documents de l’Institut National du Cancer (INCa) sur les prothèses mammaires
  • Site internet de la FDA sur le lymphome anaplasique à grandes cellules
  • Questions / réponses ANSM 6 mai 2014
  • Les implants mammaires. Journée de la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice, et Esthétique (SOFCPRE). Organisation : Dr Emmanuel DELAY, Pr Raphaël SINNA. Paris, le 22 mars 2025.

Mots-clés : augmentation mammaire, prothèses silicone, implants mammaires, consultation chirurgie esthétique, surveillance prothèses, complications implants, LAGC-AIM, rupture prothèse, lipomodelage sein, chirurgie plastique

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